Un chiffre dérisoire comparé à d’autres pays du monde, à l'instar de l’Espagne, championne du monde de don d’organes, qui réalise 19% des dons d’organes dans l’Union européenne,» a déclaré Pr Amal Bourquia, Experte en éthique médicale et présidente de l’association REINS, qui depuis sa participation à la première greffe en 1986, n’a cessé de lutter et s'est dévoué corps et âmes à défendre cette cause qui lui tient particulièrement à cœur.
Il faut dire que le Maroc stagne et se heurte encore à de nombreux obstacles ( religieux, législatifs, sociétaux, éthiques... ) qui freinent le développement et l'ancrage de la culture du don d'organes dans notre pays.
C’est le fâcheux constat fait lors de la journée de réflexion qui s’est tenue le Samedi 12 Novembre 2022 au siège du CNOM à Rabat,et qui a abordé la thématique du don et de la transplantation d’organes au Maroc.
Organisée à l'initiative de l’Association REINS, présidée par le Pr Amal Bourquia et en collaboration avec Pr Najib Amghar, cette rencontre a connu la participation des représentants du ministère de la Santé, de l’ANAM, du CNOM, des Magistrats, un représentant du Conseil des Oulamas, des médias, des représentants de la société civile, des informaticiens, des donneurs d’organes, des patients en attente de greffe et ungroupe de médecins composé d’éminents experts , et a eu comme principal objectif de poser un constat sur l’état actuel de cette activité, d’identifier les dysfonctionnements, les difficultés et les obstacles et proposer des solutions pour une vraie stratégie de relance.
Ainsi après une riche présentation faite par le Pr Amal bourquia et le Pr Najib Amghar, secrétaire général du Conseil National de l’Ordre des Médecins, sur la situation du don d'organes au Maroc et dans le monde, un panéliste composés d'experts représentants différents secteurs d'activité, a débattu sur le sujet du don et de la transplantation d’organes dans notre pays. A la fin de la matinée, des recommandations ont été émises par les participants :
-Premièrement, sur le volet juridique, il a été proposé de privilégier le registre de refus et de considérer toute personne n’ayant pas exprimé de son vivant son refus comme volontaire potentiel au don sauf si la famille s’y oppose,d’établir des plateformes numériques pour inscription à distance et information en ligne, de créer un établissement de régulation de l’activité de transplantation d’organes sous l’égide du ministre de la Santé pour
réguler les prélèvements et les greffes, d’élargir la liste des établissements agréés à faire des prélèvements et des transplantations d’organes aux structures privées qui répondent aux normes selon les cahiers de charge (Loi 16-98 et ses décrets d’application).
-Deuxièmement, sur le volet médical, il importe de prévoir des motivations morales, professionnelles et matérielles des équipes de prélèvement et de transplantation d’organes avec la création des pôles de greffe multidisciplinaire, d’améliorer la qualité de la prise en charge dans les services des urgences pour optimiser les chances d’acceptation des dons par les familles, et de renforcer le partenariat public-privé en adéquation avec les orientations de la refonte de notre système de santé.
-Troisièmement, sur le volet financier, il est nécessaire de sensibiliser les organismes de prévoyance sociale sur l’intérêt économique de la transplantation qui coûte moins cher que la dialyse à partir de la 2e année et offre une meilleure qualité de vie au patient avec une bonne insertion dans la société.
-Quatrièmement, sur le volet sociétal, il s’agit de commencer par instaurer la culture du don depuis le bas âge et organiser des campagnes d’information et de sensibiliser au don impliquant toutes les composantes de la société : responsables politiques, médecins, professionnels de santé, Oulamas, société civile, journalistes, artistes… d'établir des cartes de donneurs facilitant l’identification en cas de besoin, de communiquer pour mobiliser le grand public et les professionnels : implication des médias, des réseaux sociaux, spots publicitaires... avec la participation du ministère de la Santé, organismes de prévoyance sociale, professionnels de santé...et de renforcer les incitations morales et professionnelles pour les donneurs.