Traumatologie de la route
La vitesse, un facteur aggravant
Doctinews N° 50 Décembre 2012
Les accidents de la circulation sont à l’origine de fréquents polytraumatismes. Les victimes présentent souvent des lésions complexes, étagées aux différents segments du corps, se masquant plus ou moins, retentissant l’une sur l’autre et pouvant être rapidement mortelles, soit par la haute gravité d’une lésion dominante (crâne, abdomen, thorax), soit par l’addition de plusieurs lésions de moyenne gravité. Saïd Lahbabi
Au cours d’un accident de voiture, les forces qui seront responsables des lésions se caractérisent par leur relation étroite entre la vitesse au moment de l’accident, la décélération (c’est-à-dire le temps/distance que met le véhicule pour s’arrêter complètement) et la position de la victime au moment de l’accident. Ces forces entraînent des lésions sur le corps, correspondant schématiquement aux différents déplacements que subit la victime qui s’organisent en cinq phases.
Lors de la première phase, l’arrêt brutal du véhicule contre l’obstacle projette le conducteur vers l’avant. Selon la hauteur du tableau de bord, ses genoux vont soit heurter le tableau, soit passer au-dessous. Les lésions des membres sont fréquentes, à type de fracas des genoux, fracture de fémur, luxation des hanches, fracture de cheville.
La deuxième phase correspond au moment où le corps est soulevé de son siège et bute contre la partie inférieure du volant qui s’enfonce dans l’abdomen. S’ensuivent des plaies du foie, de la rate et/ou des reins. Lors de cette ascension, la tête va heurter le cadre supérieur ou le pare-brise, ce qui occasionne des lésions crâniennes avérées. Les fémurs se fracturent contre le tableau de bord.
Au cours de la troisième phase, la tête est violemment projetée en arrière, le cou en hyperextension. L’atteinte de la colonne vertébrale est particulièrement fréquente. Les forces qui s’exercent sur le rachis peuvent succéder au choc contre le cadre supérieur et provoquer des fractures ou tassements, ou succéder à une rotation et occasionner des luxations avec ou sans atteinte neurologique.
Au cours de la quatrième phase, le corps est à nouveau projeté, ainsi que la tête qui vient s’écraser contre le pare-brise. Le thorax s’écrase sur le volant provoquant des lésions avec ou sans fractures costales. Au moment de l’arrêt brutal du véhicule, les organes pleins (crâne, poumons, foie…) sont par ailleurs soumis à une modification brutale de leur poids. Si la tête du conducteur ne rencontre aucun obstacle pour l’arrêter, la colonne fléchit brutalement donnant des fractures en flexion.
Enfin, en phase cinq, la tête finit par s’écraser sur le tableau de bord, entraînant des fracas de la face.
Le passager avant subit également ces stades successifs de propulsion et de rétropulsion. Mais l’absence de volant fait qu’il s’écrase d’emblée sur le tableau de bord. Les passagers arrière sont soumis aux forces de projection auxquelles vont s’ajouter des forces en rotation, responsables de chocs sur les parois latérales et/ou d’éjection hors du véhicule.
En cas d’accident, la vitesse est toujours un facteur aggravant. Elle transforme le moindre petit accrochage en catastrophe. Et même si elle n’est pas à l’origine de l’accident, elle sera toujours responsable de l’impossibilité de l’éviter.
Ouvrages parus du Pr Said Lahbabi
1. Urgences en traumatologie des membres, 224 pages – Editions MALOINE, Paris – préface du Pr Cauchoix
2. Urgences chez les polytraumatisés , 217 pages – Editions MALOINE Paris – préface du Pr Judet
3. Techniques opératoires illustrées en traumatologie des membres Tome 1, 317 pages - Editions MALOINE, Paris – préface du Pr Cauchoix
4. Techniques opératoires illustrées en traumatologie des membres Tome 2, 321 pages - Editions MALOINE, Paris
5. Traitement non sanglant des fractures, 226 pages, Editions MALOINE, Paris
6. Traumatologie, 356 pages – Editions EDIF, Paris – préface du Pr DEBURGE
7. Techniques orthopédiques illustrée en traumatologie des membres, 420 pages – Editions VERNAZOBRES GRECO, Paris
8. Scores classifications en orthopédie, 252 pages - Editions SAURAMPS, Montpellier