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Association Cœur Diabète Rein-Ibn Sina : Une prise en charge multidisciplinaire du diabète

Doctinews N° 46 Juillet 2012

Créée en mai 2010, l’association Cœur Diabète Rein-Ibn Sina réunit des spécialistes en endocrinologie, cardiologie et néphrologie qui œuvrent, entre autres, à la promotion de la prise en charge multidisciplinaire du patient diabétique par la communauté médicale et scientifique.

Loubna-Benamar Loubna Benamar

L’association milite pour offrir une prise en charge thérapeutique à même d’éviter des complications rénales.

Les complications du diabète ne sont plus à démontrer. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 10 à 20 % des diabétiques meurent d’une insuffisance rénale et 50 % décèdent des suites d’une maladie cardiovasculaire, principalement une cardiopathie ou un accident vasculaire cérébral. Cette pathologie peut également entraîner une rétinopathie conduisant, elle-même, à la cécité. Au bout de quinze ans de diabète, près de 2 % des sujets deviennent ainsi aveugles et 10 % d’entre eux, environ, présentent des atteintes visuelles graves. L’hypertension artérielle est un autre facteur de risque qui peut provoquer une insuffisance rénale. Les personnes qui souffrent de cette pathologie insidieuse ont ainsi entre 2 et 10 fois plus de chance de développer une insuffisance rénale qu’un sujet normal.
« Près de 30 % des insuffisants rénaux chroniques qui consultent le service de néphrologie du CHU Ibn Sina souffrent d’un diabète, et 20 % d’une hypertension artérielle », confirme le Pr Loubna Benamar, néphrologue au CHU Ibn Sina, et présidente de l’association Cœur Diabète Rein-Ibn Sina. Fruit de la collaboration entre des cardiologues, des néphrologues et des endocrinologues, cette association milite pour offrir aux patients diabétiques une prise en charge thérapeutique à même de leur éviter des complications rénales. Ses moyens d’action, variés, comprennent l’organisation de réunions scientifiques et de formations continues au profit des médecins, et la contribution scientifique et/ou financière à des projets de recherche.

Une approche multidisciplinaire
En 2000, un groupe de néphrologues et d’endocrinologues du CHU Ibn Sina de Rabat ont engagé une réflexion sur les moyens les plus efficaces pour améliorer la prise en charge du diabète, principal pourvoyeur, avec l’hypertension artérielle, de l’insuffisance rénale. Ils ont ainsi convenu que lorsqu’un endocrinologue dépiste un diabète chez un patient, il doit systématiquement rechercher les signes d’une pathologie rénale et, le cas échéant, orienter précocement le patient vers un néphrologue. Cette démarche permet de lui éviter des complications majeures, notamment une insuffisance rénale chronique. « Les résultats de cette collaboration ont été encourageants. Nous avons donc voulu aller de l’avant en créant un groupe permanent constitué de cardiologues, de néphrologues et d’endocrinologues », souligne le Pr Benamar. L’idée a mûri et, en 2010, les membres de ce groupe ont décidé de créer l’association Cœur Diabète Rein-Ibn Sina . « Depuis la création de notre association, nous avons organisé des réunions pour débattre de thèmes en rapport avec le diabète et les pathologies rénales. Elles nous ont permis d’échanger nos points de vue sur les moyens de prise en charge des diabétiques en néphrologie », explique le Pr Benamar. « Le malade bénéficie aujourd’hui d’une prise en charge multidisciplinaire optimal au sein de l’hôpital, ce qui n’était pas le cas auparavant », ajoute-t-elle.

Des moyens d’action variés
Pour contribuer à l’amélioration de la prise en charge des diabétiques, l’association a élaboré un plan d’action s’appuyant sur une stratégie globale. Pour ses membres, l’organisation d’événements scientifiques est un moyen efficace d’améliorer la prise en charge du diabétique et des personnes souffrant d’insuffisance rénale chronique. Les réunions et les rencontres scientifiques organisées, qui sont suivies par une centaine de médecins de différentes spécialités, sont l’occasion d’échanger des données relatives aux complications du diabète au Maroc. « Il faut savoir que nous ne disposons pas au Maroc de chiffres exacts sur la prévalence du diabète. Nous manquons également de données sur le profil clinique du patient diabétique », regrette le Pr Benamar. La promotion des actions de prévention et d’éducation sanitaire, en collaboration avec les différentes associations partageant les mêmes intérêts, est un autre moyen d’action adopté par l’association. « Certaines associations de la société civile font appel à nous pour mener des actions de sensibilisation auprès de la population. Nous avons, par exemple, pris part à une campagne de dépistage de maladies rénales à Laâyoune organisée par l’association marocaine de soutien médical « Massoum » en 2009, 2010 et 2011 », souligne le Pr Benamar. L’association compte par ailleurs s’ouvrir à d’autres CHU du Royaume pour étendre son réseau de spécialistes. « Nous avons déjà contacté les CHU de Fès et d’Oujda, et ils se sont montrés enthousiastes », affirme-t-elle.

Interview du Pr Loubna Benamar,
présidente de l’association Cœur Diabète Rein-Ibn Sina


Doctinews. Quelle place accordez-vous à la formation des médecins au sein de votre association ?
Pr Loubna Benamar.
Nous accordons une importance particulière à la formation des médecins, et spécialement des médecins résidents, car nous estimons qu’elle est le moyen le plus efficace pour améliorer la prise en charge des pathologies rénales. A travers les rencontres et les débats que nous organisons, nous essayons de les sensibiliser sur l’importance de l’approche multidisciplinaire adoptée par notre association dans le traitement des maladies rénales, notamment l’insuffisance rénale chronique.

Y a-t-il des difficultés auxquelles vous êtes confronté ?
La principale difficulté concerne l’organisation des événements. Jusqu’à présent, nous avons été contraints de dépendre d’un sponsor pour financer la location de la salle, la pause café, les affiches, etc., car nous ne disposons d’aucune aide. En tant que médecins, nous n’avons pas souvent le temps de nous occuper de cet aspect. Pour remédier à cela, nous souhaitons que notre association soit intégrée à la faculté de médecine et accréditée par celle-ci. Nous pourrons alors disposer d’une salle gratuitement pour organiser nos événements. Je tiens à souligner que, jusqu’à présent, toutes les personnes qui ont animé nos réunions l’ont fait gratuitement.

Que préconisez-vous pour améliorer la prise en charge de l’insuffisance rénale chronique au Maroc ?
Vous n’êtes pas sans savoir que cette pathologie constitue un handicap parfois insurmontable pour les patients. En l’absence d’une transplantation rénale, ils doivent suivre des séances d’hémodialyses coûteuses et peu accessibles. En effet, les centres d’hémodialyse sont parfois situés très loin du lieu de résidence du patient et sont souvent débordés. La dialyse péritonéale (DP) constitue une alternative très intéressante pour ces patients. Nous avons mené une étude entre 2006 et 2010 au CHU de Rabat afin d’évaluer l’impact de cette technique sur les insuffisants rénaux chroniques et nous avons obtenu des résultats satisfaisants. Ainsi, tous les patients qui ont participé à cette étude n’ont pas été obligés d’interrompre leur activité professionnelle ou leur scolarité. Une correction de l’anémie et une baisse de l’hypertension artérielle chez les patients qui étaient hypertendus au début du traitement ont été également notées à l’issue de cette étude. Malgré ces avantages, cette technique est encore peu répandue au Maroc. Sur 10 personnes souffrant d’insuffisance rénale chronique, 9 optent toujours pour l’hémodialyse.

Quelle en est la raison ?

Cela tient au fait que les patients, mais aussi certains médecins, ignorent même l’existence de la DP. Il s’agit donc d’un problème d’information auquel il faudra remédier par des actions de sensibilisation sur les bienfaits de la dialyse péritonéale. En tant que néphrologue, je recommande vivement cette technique, compte tenu de ses nombreux avantages. Grâce à la DP, le patient ne dépend plus d’une structure hospitalière pour vivre et peut donc mener une vie quasi normale. L’adoption de cette technique permettra en outre de soulager le budget du ministère de la Santé qui ne sera plus obligé de bâtir et d’équiper des centres d’hémodialyse dans des localités où le nombre de patients est réduit. Elle va également libérer le personnel du ministère dédié à ces centres. En effet, dans le cadre de la DP, un seul infirmier peut prendre en charge jusqu’à 40 malades.



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