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Maladies chroniques : Les biomédicaments à la rescousse
Doctinews N° 23 Juin 2010
À la pointe de l’innovation pharmaceutique, les médicaments biotechnologiques ont fait leur irruption en thérapeutique. Agissant là où les produits conventionnels ont montré leurs limites, ils permettent d’améliorer nettement le pronostic vital de nombreuses maladies lourdes tels que cancers et infections virales avec, en prime, une meilleure qualité de vie pour les malades.
Jamal TAOUFIK
Plus de 50% des nouveaux médicaments en développement dans le monde sont issus des biotechnologies.
Erythropoïétine (EPO), insuline et analogues, Interferon beta (IFN ß), Granulocyte Colony stimuling Factor (G CSF), Hormone de croissance (GH), Interferon alpha (IFN a)… l’offre de médicaments issus de la biotechnologie est de plus en plus diversifiée. De l’hémato-cancérologie, à la néphrologie, la neurologie en passant par la diabétologie et la pédiatrie, cette palette de produits répond à un besoin important pour les années à venir. La situation mondiale se caractérise par une augmentation de la longévité de l’homme et par un vieillissement de la population, laquelle a en majorité adopté un mode de vie citadin. La conjugaison de ces trois facteurs a favorisé l’apparition de nombreuses pathologies métaboliques, cardio-vasculaires, maladies chroniques, du système nerveux central…
Les produits des sciences du vivant, de la biologie moléculaire en particulier, ont permis l’émergence de médicaments biotechnologiques, venant à point nommé contribuer à la prise en charge d’affections aux taux de mortalité et de morbidité élevés. Mais si les espoirs que suscitent ces nouveaux médicaments sont immenses, leur coût de revient et leur prix de vente tempèrent l’enthousiasme soulevé et posent le problème de leur accessibilité.
Des performances remarquablesLes biotechnologies se définissent comme un ensemble de méthodes et de techniques qui utilisent les éléments du vivant (micro-organismes, cellules animales ou végétales, éléments sub-cellulaires ou molécules du vivant) pour produire des biens et des services. L’homme en utilise certaines depuis la nuit des temps (levure pâtissière, fermentation alcoolique…). De nos jours, leurs multiples applications dans le secteur de la santé ont débouché sur des thérapies dites biotechnologiques. Ces dernières, complétant les traitements classiques ou s’y substituant, permettent des soins personnalisés, spécifiques au malade.
En fait, les biomédicaments se définissent comme des molécules thérapeutiques dont l’origine est biologique comme les protéines thérapeutiques obtenues par un procédé biotechnologique au sein d’organismes vivants procaryotes (levures, bactéries) ou eucaryotes (cellules de mammifères).
Plusieurs médicaments biotechnologiques ont été développés et approuvés pour traiter des maladies telles qu’anémie, déficience de croissance chez les enfants, hémophilie, diabète et autres. Les entreprises de biotechnologie ont aussi développé des anti-infectieux contre le VIH, l’hépatite B ou les virus de l’influenza. De nombreux vaccins plus sûrs, issus de biotechnologies, ont été mis au point, tels celui de l’hépatite B.
Sur le plan stratégique, plus de 50 % des nouveaux médicaments en cours de développement dans le monde sont issus des biotechnologies et en 2006, 418 médicaments biotechnologiques ont été recensés.
À l’heure actuelle, 70% du chiffre d’affaires de ce secteur est réalisé aux États-Unis, contre 23% environ en Europe et 3,5% respectivement au Canada et en Asie. La suprématie américaine dans ce domaine est donc évidente.
À l’échelle européenne, la Grande-Bretagne offre la plus forte concentration d’activités en biotechnologies. L’Allemagne vient au second rang, suivie par la France, tandis que la Suisse, grâce à des laboratoires et à des universités de pointe, fait montre d’une croissance soutenue.
Mais s’il est vrai que les médicaments biotechnologiques améliorent nettement la qualité de vie des malades, ils ne sont pas moins dénués de risques qui, outre les réactions allergiques, peuvent être liés aux procédés de leur production.
Étant issus d’organismes vivants, la contamination éventuelle d’un lot de ces produits par des organismes secondaires expose le patient à des risques infectieux importants et pose un réel problème.
Il est également nécessaire de souligner la variabilité et la fragilité des molécules biologiques obtenues lesquelles sont sujettes à des problèmes de stabilité, de purification et plus généralement, d’innocuité et d’efficacité.
Comme il s’agit de molécules complexes, le plus souvent définies par leur mode de fabrication, les risques pour la santé sont importants. C’est pour cela que contrairement aux médicaments classiques, on ne parle pas de génériques pour leurs copies, mais de biosimilaires.
D’où l’intérêt de respecter strictement, là plus qu’ailleurs, les normes de qualité et de vigilance en vigueur pour la sécurité des patients.
Points forts des médicaments issus de la biotechnologie
- Nouvelles armes thérapeutiques plus efficaces pour des maladies jusqu’à présent mal ou non traitées, - Traitements mieux ciblés permettant de réduire les effets indésirables et les effets secondaires, - Traitements moins lourds et mieux tolérés, - Diminution des besoins en chirurgie et en hospitalisation. |