Connectez-vous pour profiter de doctinews en illimité

Facebook Login

ou
Entrez votre adresse e-mail

saisissez le mot doctinews

En cliquant sur « Se connecter », je reconnais avoir pris connaissance des Conditions Générales d’Utilisation et de la Politique de Protection des Données et je les accepte.

Archives

Prébiotiques, probiotiques, symbiotiques : Quand la santé passe par l’intestin

octinews N° 45 Juin 2012

Dès la fin du XIXe siècle, les chercheurs ont montré un intérêt croissant pour les effets de l’alimentation sur la santé, et plus exactement pour son rôle au niveau de la flore intestinale. Des études pharmacologiques et cliniques, dont plus de 8000 sont référencées dans la base de données PubMed, ont montré l’intérêt et l’efficacité des probiotiques dans certaines pathologies de l’intestin.

Said-Ettair Saïd Ettair

La prise de probiotiques stimule la prolifération et l’activité des cellules immuno-compétentes.


Sous forme de capsules, de poudre à diluer ou déjà incorporés à des jus de fruit, des yaourts ou des produits laitiers fermentés, les probiotiques font désormais partie du paysage nutritionnel. Dans l’industrie agro-alimentaire pour une alimentation saine, en compléments alimentaires pour répondre aux insuffisances nutritionnelles, ou sous forme de médicaments prescrits pour traiter une pathologie précise, l’utilisation des probiotiques est de plus en plus fréquente. L’Organisation mondiale de la santé les définit comme des « micro-organismes vivants qui, lorsqu’il sont ingérés en quantité suffisante, ont des effets bénéfiques sur la santé de l’hôte ». Il existe deux espèces de probiotiques, les bactéries et les levures. Les souches ingérées ne sont ni pathogènes, ni toxiques et doivent résister à l’acidité gastrique et aux sels biliaires, afin de rester viables dans le tube digestif jusqu’à leur utilisation. Les probiotiques doivent être précisément caractérisés et nommés selon le genre, l’espèce et la souche. Parmi les micro-organismes probiotiques, les plus utilisés sont les lactobacillus (L. casei, L. acidophilus), les bifidobactéries (B. bifidum, B. animalis…) et les streptococcus (S. thermophilus), ou des levures telles que les saccharomyces (S.boulardii). Toutefois, tous ces micro-organismes ne se valent pas et n’ont pas les mêmes capacités. Les effets bénéfiques des probiotiques sont souches et doses dépendants. Aussi, il est important d’avoir la preuve spécifique de l’efficacité et de l’innocuité d’une souche particulière avant son utilisation.

Renforcer un équilibre bactérien fragile
Désormais désignée sous le terme de « microbiote » par les scientifiques, la flore intestinale, spécifique à chaque individu, se compose d’une centaine de milliards de bactéries de plus de 500 espèces différentes, qui cohabitent dans le système digestif et participent à son bon fonctionnement. Elles aident à la digestion par la production d’acide lactique, la fermentation et le transit intestinal, et à l’assimilation des nutriments, précisément par la synthèse des vitamines B, K et des acides aminés et par l’absorption de minéraux. Ces bactéries servent aussi à l’élimination des déchets et des toxiques (ammoniac, indoles, nitrites…), des molécules de cellulose, des cartilages et d’une partie du cholestérol. La flore intestinale interagit également avec la muqueuse intestinale, véritable barrière protectrice contre les infections. De plus, si le microbiote est équilibré, les défenses immunitaires globales se trouvent indirectement renforcées, grâce à la stimulation des macrophages et des lymphocytes. Ainsi, l’équilibre entre la flore « résidente » ou « dominante » et la flore « sous-dominante » ou « touriste » doit permettre aux « bonnes » bactéries, en nombre supérieur, de rendre inoffensifs les micro-organismes potentiellement pathogènes. Néanmoins, certains facteurs provoquent une augmentation de germes agressifs dans l’intestin, au point de causer un déséquilibre de la flore. La prise excessive de médicaments, et particulièrement d’antibiotiques ou de corticoïdes, le stress, l’alimentation, la pollution, entre autres, sont autant de risques de dysbiose intestinale. L’altération de la flore intestinale aboutit à des troubles du transit (diarrhée ou constipation), des douleurs abdominales, des ballonnements, mais aussi à un certain mal-être, une fatigue chronique et une tendance aux infections à répétition. Les probiotiques, littéralement « favorables à la vie », se présentent comme une solution pour renforcer l’équilibre du microbiote, restaurer la muqueuse intestinale et ainsi améliorer la santé.

Les mécanismes d’action
Si tous les mécanismes d’action des probiotiques ne sont pas scientifiquement démontrés, certains bienfaits sont déjà solidement établis. Selon les probiotiques, trois principaux effets ont été mis en évidence : l’effet antimicrobien par l’inhibition de germes pathogènes, l’effet barrière par le renforcement de l’imperméabilité de la muqueuse intestinale et l’effet immuno-modulateur par l’activation du système immunitaire. En produisant des substances telles que les bactériocines et les propionines contre les bactéries exogènes, ils en limitent le nombre et la capacité de multiplication et de diffusion. La prise de probiotiques stimule également la prolifération et l’activité des cellules immunocompétentes, et réduit les phénomènes d’inflammation locale. Les bactéries lactiques, véhiculant la lactase (enzyme digestive du lactose), améliorent sensiblement la tolérance au lactose. De même, certains micro-organismes (Lactobacillus GG, Saccharomyces boulardii et Lactobacillus reuteri) permettent de diminuer la durée, la sévérité et la fréquence des épisodes diarrhéiques, notamment la diarrhée virale, la diarrhée du voyageur ou celle due à la prise d’antibiotiques. Les probiotiques, par la production d’enzymes et d’antioxydants, joueraient enfin un rôle de prévention des cancers recto-coliques chez les sujets à risques et des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) telles que le syndrome de l’intestin irritable, la pochite, la rectocolite hémorragique ou la maladie de Crohn.

Des prébiotiques en complément des probiotiques
D’autres micronutriments, appelés prébiotiques, contribuent à l’amélioration de l’équilibre bactérien intestinal en potentialisant les effets des probiotiques. Ces composés, fibres alimentaires ou amidons résistants comme l’inuline, les galacto-oligosaccharides, les fructo-oligosaccharides, le lactulose et les polyols, doivent résister à la digestion et à l’absorption intestinale pour servir de nourriture aux probiotiques. Les plus prisés sont les fructanes, sucres complexes retrouvés dans certains végétaux comme la chicorée, les artichauts, les bananes, les oignons, le blé… Mis à part cette forme naturelle, les prébiotiques sont incorporés dans les aliments tels que les produits lactés, les barres de céréales ou les aliments destinés au nourrisson. Sans leur être absolument nécessaires, ils alimentent les probiotiques, favorisent leur croissance et le maintien de leur activité métabolique, tout en contribuant à la diminution de la masse bactérienne pathogène et à l’activité enzymatique du système digestif. Pour compléter leurs bienfaits, les prébiotiques ont pour atout d’être pauvres en calories, de convenir aux diabétiques, de soulager la constipation et d’augmenter l’absorption du calcium et du magnésium. La complémentarité prébiotiques/probiotiques est à l’origine des symbiotiques, qui associent directement, en un supplément alimentaire ou dans un aliment, une bactérie vivante au nutriment qui lui est favorable, dans le but d’améliorer l’implantation et la survie de ces suppléments alimentaires.

Une piste prometteuse
Aujourd’hui, l’intérêt pour les probiotiques va croissant. L’industrie agro-alimentaire en introduit dans les laits infantiles, yaourts et boissons lactées dont la consommation peut être encouragée dans le cadre d’une bonne hygiène de vie. Les compléments alimentaires, censés apporter des éléments nutritionnels présents en quantités insuffisantes dans nos nouveaux modes de consommation, proposent aussi des cocktails de probiotiques, principalement pour améliorer le confort intestinal.
Enfin, certains médicaments probiotiques (avec une AMM) ont pour objectif de traiter une pathologie précise (diarrhée, par exemple) et sont pris après avoir été prescrits par un médecin ou conseillés par un pharmacien pour une durée limitée. Ils ont normalement fait l’objet d’études cliniques pour prouver leur efficacité dans une indication précise.
Les probiotiques ne représentent donc pas un danger, mais une piste prometteuse. En effet, en s’intéressant à la flore intestinale, les chercheurs décèlent des rapports entre certains dysfonctionnements et la présence de maladies chroniques, comme l’obésité, les cancers du côlon et du rectum et les MICI. La piste des probiotiques est à suivre à partir de ces corrélations entre flore intestinale et maladies afin de développer de nouveaux outils diagnostiques et thérapeutiques.


Intérêt pour les nouveau-nés et les enfants

Les probiotiques ont également prouvé leurs bienfaits chez les nourrissons et les enfants en bas âge. Naturellement présents dans le lait maternel, les probiotiques diminuent la fréquence d’infections ORL et respiratoires et de l’eczéma chez les nouveau-nés nourris au sein. D’où leur utilité dans les laits infantiles pour les enfants non allaités naturellement. Ils peuvent être administrés aux enfants nés avec un petit poids pour améliorer le rattrapage pondéral et leur immunité. D’autre part, des études ont prouvé que le B. bifidum, associé au L. acidophilus, divise par 3,5 les risques d’entérocolite nécrosante chez le prématuré de petit poids. L’eczéma atopique du nourrisson et l’eczéma sévère et extensif pourraient également être prévenus ou traités par le L. rhamnosus GG et le L. fermentum. Enfin, le rotavirus, première cause de diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans, peut être « combattu » par les probiotiques. A ce titre, la Société européenne de gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatrique (ESPGHAN) a établi des recommandations officielles sur la prise en charge des gastroentérites aigües de l’enfant qui doit passer par l’administration d’un soluté de réhydratation orale (SRO) auquel certains probiotiques peuvent constituer un complément efficace pour diminuer la durée et l’intensité des symptômes. Les seules souches officiellement recommandées par cette société sont le Lactobacillus GG et le Saccharomyces boulardii.

Copyright © 2023 Doctinews.

All rights reserved.