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Prostitution: La politique de l’autruche ?
Doctinews N°21 Avril 2010
Quand gagner de l’argent devient une obligation, se tourner vers la prostitution peut être un pis aller, hélas incontournable ! Phénomène dérangeant et choquant, cette violence faite aux droits de l’Homme a en effet beaucoup changé la physionomie de nos trottoirs.
Ismail BERRADA
EN PLUS DES TORTS Causés AUX NIVEAUX socioculturel et moral, la prostitution engendrait un grand risque de mort prématurée.
Vendre son corps pour survivre, pour subvenir aux nécessités de base, financer ses études … diverses raisons peuvent expliquer le fléau. Parmi elles, la précarité, une éventuelle maladie mentale, les violences subies pendant l’enfance… La prostitution se pratique dans différents endroits, sous différentes formes. Femmes, hommes et enfants, ni l’âge ni le genre ne revêtent d’importance. Malgré la pénalisation juridique, cette activité amorale et illicite est devenue un quasi-métier. Et avec les associations de lutte contre le sida, elle semble avoir acquis une autre dimension, se forgeant en quelque sorte une espèce de légitimité. Sans nulle intention de dénigrer le travail fabuleux qu’effectuent ces ONG, leurs actions ont promu les clients « prostitueurs » au rang de consommateurs avertis, le préservatif tenant lieu de laissez-passer. Mais au-delà de ces lectures, dans un pays démocratique comme le nôtre, à quoi sert-il d’éduquer les jeunes dans le respect de soi et des autres, si par ailleurs on ne lutte pas pour la dignité des êtres humains? N’est-il pas grand temps de prendre conscience que la prostitution représente un grave enjeu de société ? Et que ce mal et ses graves répercussions sont destructeurs pour notre avenir ? Loin des considérations socioculturelles, morales et moralisantes, la prostitution pose, entre autres, un grand risque de mort prématurée. Une étude américaine portant sur presque 2000 prostituées suivies pendant 30 ans a révélé que les causes les plus fréquentes de mortalité étaient de loin l’homicide, le suicide, les problèmes liés à la drogue, à l’alcool, à l’infection par le VIH et aux accidents. Le taux d’homicide chez les prostituées actives s’est révélé 17 fois plus élevé que dans la population féminine générale d’âge correspondant. Partant, contre le travail sexuel et sa prolifération, une politique de prévention s’impose et doit engager l’ensemble des citoyens : famille, école, travailleurs sociaux, police, justice, mais également instances gouvernementales. Tous sont concernés par cette approche concertée et intégrée au niveau local et régional pour faire évoluer les mentalités et engendrer de nouveaux comportements. Mettre fin à la résignation, lutter pour construire, femmes et hommes, une nouvelle façon d’être ensemble en excluant la sexualité du champ du marché, telle devrait être la finalité de ce projet global de société.