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Soins palliatifs : L’urgence d’un programme national
Doctinews N°44 Mai 2012
Qu’il s’agisse des priorités sanitaires du nouveau gouvernement, de la généralisation du Ramed, ou encore, récemment, de l’autorisation de la recherche biomédicale -la liste n’est point exhaustive- l’actualité de ces derniers mois a été largement consacrée à la santé.
Ismail BERRADA
Pour assurer une meilleure accessibilite aux médicaments contre la douleur, une révision intégrale des contraintes administratives, notamment relatives à la prescription de la morphine, est indispensable.
Face à ce dynamisme, qu’en est-il des soins palliatifs et de la prise en charge de la douleur ? Voilà une question trop longtemps restée otage du non entendu et du non reconnu, alors que, sous d’autres cieux, l’intérêt qui lui est accordé constitue l’un des critères d’évaluation de la qualité des soins offerts aux malades.
En fait, au Maroc, avec la mise en application du Plan national de prévention et de traitement des cancers, initié par l’Association Lalla Salma de lutte contre le cancer, le chemin menant à la qualité requise vient tout juste d’être emprunté. Quant au Centre national d’évaluation de soins palliatifs et de traitement de la douleur, créé en 2005 -le premier du genre en Afrique-, il aurait probablement pu effectuer un important saut qualitatif et quantitatif s’il avait été doté des moyens humains et matériels nécessaires. Triste constat pour ce projet !
Pourtant, une stratégie nationale de la santé efficiente ne peut se concevoir sans l’inscription effective et concrète des soins palliatifs et de la prise en charge de la douleur dans l’organisation des soins. Cette démarche doit entrer dans le cadre d’un programme national spécifique dont l’une des priorités serait de débarrasser ces soins de certaines croyances, dont celle consistant à faire admettre aux malades que la douleur est inexorablement collatérale à la maladie et à certains soins et, en tant que telle, on ne peut lutter contre.
Outre la formation de compétences humaines qualifiées et spécialisées, ce programme, qui doit assurer une meilleure accessibilité aux médicaments adéquats contre les douleurs sévères, s’impose avec acuité. Pour cela, une révision intégrale des contraintes administratives, notamment relatives à la prescription de la morphine, est indispensable. Autres volets à développer, les approches non médicamenteuses, comme les techniques psycho-comportementales qui ont toute leur place dans ce domaine.
À un professionnel de la santé aussi chevronné que l’actuel ministre de la Santé, le Professeur El Houssaine Louardi, nous n’apprendrons rien de nouveau. Objet de tous les espoirs, le nouveau gouvernement est vivement appelé à remédier au profond désarroi dans lequel se débattent des milliers de patients -et leurs proches- face à la douleur. Car, s’il est impossible de suspendre le temps pour éviter cette « douloureuse » épreuve, il est toujours possible de le prendre pour la soulager !